vendredi 18 avril 2008

Love Story




Une fois n’est pas coutume, parlons d’autres choses que de rondeurs.

En vraie fille qui se respecte, chacune d’entre nous (ou presque) a dans son sac LE rouge à lèvres. Généralement, celui qui trône dans le fond du sac est un modèle très vieux, qui ne se fait plus, mais dont la couleur met votre bouche particulièrement en valeur (selon vous). Ledit rouge à lèvres a atteint le niveau – 3. C'est-à-dire qu’il est quasiment vide, vous êtes obligée d’y aller avec le doigt pour pouvoir en étaler une miette sur vos lèvres. Qu’importe, cette miette en graisse de baleine suffit à révéler toute la beauté de votre bouche.

Mais avant d’arriver à manier votre bâton (et tout le reste de la panoplie aussi d’ailleurs : fards à paupières, fonds de teint….) comme Willy Wonka manie le chocolat, la route est longue.

Retour dans le temps.

Un dimanche matin (je ne me souviens absolument pas du jour, mais soyons fous, disons que c’était un dimanche), mon père se lève. Entendant du bruit dans la salle de bain, il décide de s’en approcher et ouvre la porte….

Horreur ! Sa fille (moi, en l’occurrence) se tient debout devant le miroir de la salle de bain, tout sourire, mais surtout couverte de ce qu’il semble être du sang, et tient dans sa petit main potelée…. un rasoir !

Avant de continuer, je précise que l’histoire est à 100% vraie, que ce n’est nullement le fruit de mon imagination et encore moins la parodie d’un roman de Stephen King.

Quoi qu’il en soit, mon père ôte précautionneusement le rasoir de mes mains, et se précipite vers ma mère qui, en grande analyste qui a le nez encore plus fin que celui de Jean Baptiste Grenouille, détecte immédiatement l’odeur si particulière du vernis à ongles. Effectivement, mais cela avait échappé à mon père, non seulement j’avais failli me faire très très mal en me rasant, mais il semble que j’avais également vidé le vernis à ongles (couleur rouge sang) de ma mère. Je suppose même que les seuls endroits qui n’étaient pas couverts de vernis étaient mes ongles.

Oui, je sais…. ça craint.

Débarbouillée à grand renfort de dissolvant (enfin, je suppose), mon visage d’ange n’aura pas de séquelle à long terme, je n’ai que quelques coupures superficielles. Ouf, le pire a été évité.

Ce fût ma première expérience « maquillagesque ». J’ai très certainement développé cette passion en regardant ma mère se maquiller le matin avant d’aller au boulot, quant au rasage (merci papa) c’est certainement dû au fait que, lorsqu’il se rasait, j’adorais qu’il m’étale de la mousse (avec son blaireau s’il vous plait, oui, oui, oui !) sur le bout du nez. Alors un matin où j’ai été levée la première, j’ai voulu jouer au papa et la maman, mais seule, une sorte de 2 en 1. Papa se rase, maman se maquille. Normal quoi….

J’avais 4 ou 5 ans à l’époque, et bien sur je n’ai aucun souvenir de ce jour.

Par contre, cette passion pour le maquillage ne m’a jamais quitté. Peut être qu’un jour j’en aurai ras-le-bol de claquer de la tune là dedans, mais en attendant elle est encrée en moi. Tout comme cela ne me viendrait pas à l’esprit d’oublier de dire merci, ça ne me viendrait même pas à l’idée de sortir sans maquillage.

Mais l’apprentissage de la féminité a été long… et pas toujours très joli à regarder.
Longtemps, je me suis enfermée dans la salle de bains de mes grands-mères ou de ma mère, pour me refaire le portrait façon Picasso. Mon grand classique : crayon rouge, rouge à lèvres rouge et gloss… rouge ! Bon je devais avoir 9 ans, soyez indulgents.

Depuis l’épisode vernis à ongles/rasage, j’avais une autre passion : les paillettes. En période de fin d’années, je bassinais toujours ma mère pour qu’elle me tartine le visage, les cheveux, les bras de paillettes. Passion qui a été plus ou moins abandonnée depuis, avec le port des lentilles. Entre paillettes et lentilles de contact, c’est comme boire ou conduire, il faut choisir, une association des deux pouvant se révéler particulièrement douloureuse.

Après ces « tâtonnages » en matière de maquillage, je suis vite arrivée au collège. Je crois que ça a été la période la plus catastrophique, la plus clownesque de mon existence. Mais pour apprendre quelque chose, il faut savoir subir des… ratages.

C’est pourquoi on pouvait me voir avec une sorte de « masque » de fond de teint (le spécial antirides a effet poudré qui vous fait donc comme un masque sur le visage), une tonne et demie de fard marron avec rouge à lèvres coordonné. Et aussi les vernis à ongles (vert, jaune fluo, gris, bleu.… merci les années 90).

A l’époque, je me révoltais quand mon père me disait que j’étais maquillée comme une pouf…

Maintenant, je dois bien admettre qu’il avait raison, mais c’est en forgeant qu’on devient forgeron, et aujourd’hui, je manie les pinceaux et autres accessoires avec une dextérité qui m’étonne parfois moi-même.

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