lundi 19 mai 2008

Envie de fraises


Rassurez-vous, ce titre tellement "accrocheur" n'a rien à voir avec une éventuelle grossesse et les envies qui y sont liées.

En gourmande que je suis (et je sais que c'est parfois mesquin) quand je cuisine, je m'arrange toujours pour avoir le morceau qui me plaît, celui qui aura mijoté avec amour, celui qui aura été doré avec patience ou celui qui sera cuit à ma convenance.

Après tout, c'est bien là le privilège de la cuisinière, qui passe des heures, debout, à mitonner de bons petits plats et à suer sang et eau lorsqu'elle s'active pour nourrir tous les estomacs affamés du foyer.

Mais avant d'être cette piètre cuisinière (soyons honnêtes) que je suis aujourd'hui, j'étais une consommatrice comme les autres, j'attendais que ma mère remplisse mon assiette et j'avalais ce qu'elle contenait. Et, tout autant qu'il m'était insupportable que mon père me pique mes bouts de pains ("ça? tu le manges? et ça? tu vas la manger?"), je ne pouvais m'empêcher de m'adonner à certaines études comparatives (mon assiette est-elle aussi pleine que celle de mon voisin? et, même si mon voisin est mon père, y a-t-il une raison (réellement) valable pour que son assiette soit plus remplie la mienne?).

Je crois bien ne jamais avoir assimilé les principes de "proportions" qui font que le chef de famille a l'assiette la plus remplie et le plus jeune la moins pleine (c'est un peu comme le barbant "Boucles d'or et les 3 ours"), moi je n'écoutais que mon estomac qui me disait "encore, encore" et mes yeux (aussi perçants que ceux du lynx) qui avaient repéré que mon assiette était trop vide pour me satisfaire.

Bien évidemment, un jour.... ce fût le drame.

Le repas se déroule normalement, jusqu'au dessert.

Les fraises sont servies puis distribuées à chacun. Mon père est servi, ma mère aussi ainsi que mon frère (je suis sûre que même le chat avait eu sa part). Mes yeux se mouillent, mon menton tremblote dangereusement, et enfin mes larmes sont expulsées de mes yeux.

"Ouinininin, j'ai pas eu mes fraises....."

Avec le recul, je peux plutôt imaginer le courroux de mes parents.

"A bon, tu n'as pas eu de fraises? Et c'est quoi devant toi?" me rétorque ma mère.

Gloups. Je ravale mes sanglots, éponge mes yeux (il fallait au moins ça) et les baisse vers mon assiette. Effectivement, l'assiette était bien là, devant moi, et pleine de fraises. J'avais certainement été servie la première en plus.....

Je devais avoir 5 ou 6 ans...

En écrivant ces lignes, je me dis que non seulement il faut tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler, mais qu'en plus, il ne faut jamais avoir les yeux plus gros que le ventre (et je trouve que ça fait beaucoup, en terme de contraintes).


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